Un Noël chez les Mordret

Un Noël chez les Mordret - Bonus inédit  



Noël... ce jour fatidique où je dois rester en compagnie de l'ensemble de ma famille à côté d'un fichu sapin, d'un buffet à dégueuler les petits fours et des rires de toute la marmaille mordresque. À choisir, m'ouvrir les veines avec un rasoir rouillé me semblerait une activité plus paisible.

Verre de whisky en main, j'observe ma sœur, fringuée comme si elle comptait danser autour d'une barre de pole danse. Elle porte un short minuscule, des bas noirs qui cachent à peine la jarretière en tatouage qu'elle exhibe au premier quidam qui fait mine de vouloir la baiser, celui étant près d'elle ayant très nettement l'envie de fourrer les doigts dans son décolleté. Petite provocation à l’égard de mon vieux. Il faut dire qu'emmerder mon père est l'un des passetemps favoris de Liam O'Connel. Je ne l'en méprise pas moins, taquiner mon paternel est mon hobby principal, je déteste que l'on cherche à me l'ôter d'une quelconque manière, mais j’admire sa détermination en la matière. Il y met toujours les formes.
Trempant mes lèvres dans l'alcool, j'envisage néanmoins de lui ouvrir le bide avec le couteau du foie gras qui trône non loin de lui. Puis, je songe aux cris intempestifs de mon hystérique de sœur si jamais j'éviscérais son petit ami, après tant d'années à lutter pour pouvoir l'obtenir et l'attirer dans ses filets (autrement dit, jusqu'au manoir Mordret où nous nous tenons tous fièrement en cette soirée hivernale ! Quelle mouche a bien pu la piquer ? Je me le demande encore...)
Bref, je tourne la tête vers Declan pour espérer qu’il mette un peu de piquant dans ce magma vomitoire de dentelle, cadeaux, boules de Noël, senteurs florales, cris joyeux de gosses aux joues rouges, mais je déchante vite. Declan s'occupe de sa progéniture avec un certain sens paternel troublant. On ne peut pas dire qu'il soit dans l'imitation froide de notre géniteur. Il semble avoir trouvé l'inspiration ailleurs. Peut-être dans la jolie blonde qui affiche de longues jambes fuselées. Je lui ai déjà proposé un plan avec Abigael, puisque je connais le penchant de Merryn pour le libertinage et le SM, je les aurais volontiers matées toutes les deux dans des postures érotiques plus ou moins perverses, selon mes envies, mais elles ont refusé tout net. Je n'ai pas aimé ça. J'ai dû me venger un peu sur Abigael pour taire ma frustration. Toutefois, cette écervelée a beaucoup trop apprécié sa punition. Je déteste m'affaiblir face au petit chaperon rouge qu'elle incarne, j'ai bien l'intention de remédier à cette anicroche et d'affûter mes crocs sur sa peau.
Je vire mon attention sur Owen et sa toquée de copine. Je la trouve divertissante, à répéter mille fois la même chose tout en couvant Owen de regards amoureux, on dirait vraiment un canari à déchiqueter sous les serres d'un rapace. Owen n'en prend pas le chemin, c'est bien dommage. Cet idiot préfère la peindre (j'ai déjà vu quelques-unes de ses toiles, remarquables ! Il n'a cependant pas apprécié que je reluque sa copine à poil. Pour se venger, il a mis en peinture Abigael, nue à son tour. Il cherchait à m'énerver, mais j'ai accroché sa "vengeance" en face de mon lit pour pouvoir épingler Abigael juste devant son propre visage pendant que je la besognerais. Le reflet d'elle-même m'a fait bander plus que jamais).
Quoi qu'il en soit, rien à faire dans ce salmigondis de bons sentiments, je suis le seul héritier possible de notre père, le seul qui soit à son image, et je dois avouer que cette idée me débecte assez. Je hais bien trop ce connard vaniteux pour désirer lui ressembler d'une quelconque manière, mais qui puis-je ? Je suis le seul sensé dans cette maison !
- Tu as l'air de fomenter le meurtre de quelqu'un. Je te rappelle que c'est le jour de Noël. Tu as seulement le droit de manger le chapon.
Je lorgne Abigael, vêtue d'une robe rouge en mode mère Noël ridicule, avec son bonnet sur la tête qui lui donne l'air d'une gourde endimanchée.
- Je préfère les petits chaperons rouges, rectifié-je, lui tirant un sourire arrogant.
Elle me désigne sa robe avec fierté.
- J'ai pensé à toi en l'enfilant.
Seigneur...
- On dirait le chapon, pas le chaperon.
- Ne te montre pas désobligeant le jour de Noël, me gourmande-d-elle sans s'offusquer le moins du monde de mon insulte - Elle a l'habitude.
C'est le problème avec Abigael, elle se fout royalement de mon mauvais caractère, de la menace que je représente ou de mon absence absolue de sentiments. Ça me donne de sales idées en tête. J'ai envie de refaire la déco du salon, de démonter le sapin et de la fouetter avec les branches...
Elle suit mon regard, lève les sourcils, puis pouffe de rire.
- Ciaràn, arrête de penser à ça tout de suite.
- Tu ne sais pas ce que j'imagine.
- Bien sûr que si, tu envisages quelque chose de complètement déplacé dans ce salon.
- Et de sanglant. N'oublie pas ce détail.
- Oui, oui... soupire-t-elle en venant se blottir contre mon torse, comme si je ne représentais aucun danger imminent pour elle.
- Qu'est-ce que tu fais, au juste ?
- J'essaie de te transmettre un peu de magie de Noël.
Je darde sur elle un regard abasourdi, et vaguement criminel.
- Aurais-tu pris l'une des drogues de Nolwen en cachette ?
Elle me fiche une petite tape dans le pectoral.
- Non, et ta sœur ne se drogue plus.
- Comme quoi, les miracles existent.
- Ne sois pas si cynique.
- Je suis à mon max, là !
Elle dépose un baiser sur ma mâchoire qui me tire un grognement dédaigneux.
- Je te propose une soirée anti-Noël après tout ce déballage, ce sera mon cadeau pour toi, me propose-t-elle, tout sourire.
Je baisse les yeux sur son visage attendri - en dépit de la suggestion perverse qu'elle me soumet -, la contemple un instant sans broncher.
- Un cadeau digne de ce nom ?
- Avec tout ce que tu aimes…
Je glisse mes doigts dans ses cheveux, frôle ses lèvres des miennes.
- Avec beaucoup de cris ?
- Avec toi, toujours !
- Hum, très bien, l'idée me plaît. Je vais faire un effort jusque-là. Tu as intérêt à être performante après tout cet étalage de magie...
- Oh, je suis certaine de parvenir à te faire apprécier Noël, Ciaràn ! Tu en redemanderas l’année prochaine.
- Hum, je te trouve bien sûre de toi. Je suis exigeant, n'oublie pas ce détail.
- Et moi, entêtée. Tu me supplieras l’année prochaine !
Elle me lance un clin d’œil moqueur qui me dérobe un rictus (mordresque, dirait-elle), puis s’éclipse vers Declan, histoire de taquiner le fauve, en imaginant que je suis jaloux de mon propre frère. Je la laisse s’amuser, j’aime lorsqu’elle se débat dans ma toile. Mon plus beau cadeau, je l’ai déjà eu depuis longtemps, mais… je n’ai pas l’intention de le lui avouer.



Commentaires

  1. J’adore plus que tout ça me donne envie de relire tous les bouquins sur la famille merci

    RépondreSupprimer
  2. Mdr, j’adore les noëls Mordresques !

    RépondreSupprimer
  3. Un Noël chez eux on est loin de s ennuyer 🤣

    RépondreSupprimer
  4. Oh la la un Noël chez les Mordret l'ambiance est flippante mais j'adore !

    RépondreSupprimer
  5. J’adore Ciaran!!! C’est toujours trop court ☺️

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. haha désolée, mais tu sais bien, Ciaràn ne donne que ce qu'il veut ;)

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Bonus Love Memories (suite, 10 ans après la fin)

Bonus spoiler : moment volé Seis & Naïs (rencontre à Hélivent)

Scène de sexe coupée dans Ombres