Bonus Spoiler de Sans Cœur (il fait suite à l'histoire)

Bonus Spoiler de Sans Cœur  (il fait suite à l'histoire)





 - Maman a dit que tu devais me garder cet après-midi.

- Elle a vraiment dit ça ou tu as pensé que gâcher ma journée pouvait embellir la tienne ?

- Les deux, c'est possible ?

Je pousse un profond soupir en fixant le regard noir du gamin. On dirait moi en miniature, mais avec un sourire niais en travers du visage, qui ressemble à celui d'Abigael. En revanche, l'éclat dans ses yeux est typiquement mordresque : froid, malin et empli de sagacité. Peut-être même un chouïa de perversité qui m'est propre et que je lui transmets sans même m'en rendre compte. Un pur produit, en somme.

- Et puis-je savoir pourquoi ta mère décide-t-elle soudain de t'abandonner dans mes pattes ?

Je lève les yeux en direction d'Abigael qui nous observe, assise sur son fauteuil club, les jambes par-dessus l'accoudoir, un livre dans une main, une petite paire de lunettes rouges dans l'autre. Elle ne répond pas à la question et laisse à mon fils ce plaisir grotesque :

- Maman a dit qu'une fois par semaine, tu devais te comporter comme un père.

J'arque un sourcil.

- Vraiment ? Comme un père ? Tu veux que je joue la comédie ?
- Tu le fais avec maman tous les jours, alors oui, je veux bien. Juste pour voir comment tu serais si t'étais normal.
- Probablement aussi niais que ta mère. C'est vraiment ce que tu désires ?

Un sourire se peint sur ses lèvres. Il se frotte la joue du bout de l'ongle, imprimant une petite trace vermeille, puis hoche la tête.

- C'est amusant.
- Qu'est-ce qui est amusant exactement ?
- De t'ennuyer. Maman dit que c'est une émotion comme une autre qu'on arrive à réveiller. Je m'en contente.
- Tu devrais cesser d'écouter ta mère. Lorsqu'on m'ennuie trop longtemps, c'est une autre émotion qui s'éveille et elle est bien moins agréable que celle provoquée par l'ennui, tu peux me croire.
- C'est toujours mieux que l'indifférence, non ?

Je fixe mon fils dans les yeux. Celui-ci s'agite sur ses jambes, mais il ne détourne pas le regard. Peu de gens parviennent à le soutenir aussi longtemps. Face à un prédateur, les moutons abaissent les yeux vers le sol. Mais pas lui.

- Très bien. Je t'accorde ton après-midi. Après tout, autant que cela serve à quelque chose.

Il redresse aussitôt les épaules, manquant de laisser échapper un cri de joie. Fort heureusement pour lui, il le ravale. Museler son propre fils avec un mouchoir est interdit par la loi, c'est bien dommage. Je ne peux le faire qu'à mon épouse, dans mon lit, mais on met cette lubie sur le compte d'une partie de sexe débridé. D'ailleurs, je croise le regard moqueur de mon petit chaperon rouge. Je me demande ce qu'elle a en tête. Me coller notre fils dans mes filets, sans qu'elle ne daigne nous accompagner, ne présage rien de bon, à moins qu'elle ne pense à autre chose que je ne peux percevoir.

- Où comptes-tu l'emmener ? finit-elle par me demander.

Abigael n'en demeure pas moins une louve lorsqu'il s'agit de notre fils. Avec le temps, elle parvient avec brio à demeurer froide et mesurée, guettant une proie potentielle, mais elle a su garder ce qui me la rend exceptionnelle : son brin de naïveté qu'elle mélange avec raffinement à un brin d'intelligence perverse. Un savant mélange pour une âme corrompue comme la mienne.

- Hum, à la tour Bella, bien sûr. Je vais lui apprendre l'art des Mordret. Il est plus que temps, non ? Tu l'as assez couvé. Ce fils est le mien, autant qu'il devienne un joyau d'ingéniosité et non un miasme rempli de petits cœurs.

Elle émet un rire en secouant la tête.

- Tu comptes en faire ton digne héritier ?
- Ai-je le choix ? Tu m'as fait un gamin, il n'a plus le choix. ça ou m'en débarrasser.

Le gosse ne frémit même pas. Il se contente de me regarder, comme s'il cherchait à analyser mes paroles. Il y a sûrement quelque chose à en tirer, sans nul doute.

- Comme si tu pouvais agir aussi stupidement, me balance-t-elle, m'arrachant un sourire. Il est bien ton digne héritier, n'aie crainte, mais heureusement pour moi, il possède un cœur.
- C'est bien ce qui me désole. C'est si inutile.
- Ton frère en a un, il s'en sort très bien.
- Mon frère baigne dans la guimauve, il me donne la nausée. Tu as raison, après tout, m'occuper de lui va me divertir. Même toi, tu commences à manquer d'ingéniosité. Méfie-toi, je pourrais me lasser, Abigael.

Elle se redresse du fauteuil, braque son regard de jade dans le mien, sans tressaillir, son sourire s'épanouissant de plus belle sur son visage.

- Oh qui sait ? J'ai peut-être d'autres armes à mon actif que tu ignores encore. Tu sais ce que tu m'as appris, Ciaràn ?
- Je t'écoute.
- Laisse croire à ta proie que tu as abandonné la partie.
- Et tu crois pouvoir me piéger, petit chaperon rouge ?
- Moi ? Peut-être pas...

Son regard dévie vers notre fils. Celui-ci nous regarde tour à tour, il sourit à sa mère d'un air malicieux. Un frisson d'excitation sinue le long de ma colonne vertébrale. Je pose la main sur son épaule, lui volant un frémissement, me penche et murmure à son oreille :

- Oh, petit louveteau, on va voir si tu es à la hauteur de ton père. Viens avec moi.
- Amusez-vous bien, nous lance Abigael en agitant la main.
- De ma journée dépendra ta soirée, petit chaperon rouge. Tiens-toi prête. Je sens que ma colère devra trouver un dérivatif.
- Tu sais où me trouver, Ciaràn. Je t'attendrai dans ta chambre ce soir.

J'acquiesce, mon sexe durcissant à la pensée d'un nouveau fantasme à mettre à exécution. Son corps et son âme m'appartiennent à jamais.

Mais, pour l'instant, j'ai à disposition un autre jouet amusant, que je pousse dans le dos pour le faire avancer. Celui-ci m'adresse un regard aussi noir et tempétueux qu'un Mordret en est capable. Oui, un jouet très agréable, qui pourra sûrement me divertir.

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