Bonus (hors série) No Love No Fear
Bonus (Hors-Série) No Love No Fear
Version Yano :
Le jour où Mael avait décidé de crever, j'étais toujours d'une humeur massacrante. Rine n'était pas venue en cours. Comme chaque année. Une boule se façonna dans ma gorge, elle m'étouffa lentement. Et je m'en foutais. Je la laissais m'asphyxier.
Voilà trois ans maintenant qu'il était au fond de son ravin, en train de nourrir les poissons. Je fumai une clope sur la plage. Je fixai l'océan. Le gris de l'eau. Sentis le vent mordre mon visage. Je broyai du noir, remuai ma culpabilité au fond de mon bide, eus la gerbe.
Je partis picoler dans un bar du coin. Je sifflai trois shots de rhum en trois minutes. L'alcool s'insinua le long de ma trachée, me brûla l'estomac. Mais je n'en avais pas assez. J'avais envie de cramer mon cerveau, ne plus réfléchir, ne plus penser ni à Mael mort ni à Rine en train de chialer sur sa putain de tombe vide.
J'étais déchiré, comme tous les ans. Une fille, une blonde filiforme, mignonne, mais à peine bandante dans l'état où j'étais, s'approcha de moi, chercha à me draguer et m'excita comme un clébard. Je matai ses seins pendant toute la conversation. Je me foutais complètement de son visage. A la limite, seul son cul m'intéressait à ce moment-là. Mon cœur se mit à cogner dans ma carotide, fort, puissamment.
Je la ramenai chez moi, en passant par le balcon de ma chambre, pour éviter de croiser mon vieux dans le salon, son cul vissé au canapé et la main à sa bouteille de tequila.
J'aidai la fille à passer la rambarde. Elle gloussait comme une dinde. Je lui dis de fermer sa jolie bouche. Elle rigola de plus belle.
Malgré moi, je hasardai un coup d’œil en direction de la chambre de Rine. Ses rideaux étaient fermés, mais pas sa fenêtre. Je m'en foutais : j’espérais qu'elle avait entendu les gloussements de la pintade qui m'accompagnait, qu'elle sache ce que je m'apprêtais à faire dans ma chambre.
Rien que de le penser, je me mis à bander. La fille n'éveillait rien en moi, elle ne servait qu'à alimenter ce truc entre Rine et moi. J'avais envie de la baiser juste pour que Rine le sache et qu'elle souffre. Comme moi, putain. Autant que moi. J'avais parfois l'impression de crever à petit feu.
La fille voulait se rafraîchir avant que je la saute. Elle se dirigea vers ma salle de bains. J'en profitai pour ouvrir grand les rideaux et laisser la fenêtre ouverte. Je souris comme un con en sentant toujours les battements de mon cœur pousser dans ma gorge.
Je rejoignis ensuite la fille dans la salle de bains, la soulevai dans mes bras, l'assis sur le rebord du lavabo et retirai son string. Je lui abandonnai le reste de ses fringues. Je pris ses lèvres, je baisai carrément sa bouche avec ma langue. Elle gémit, gloussa, elle m'arracha à moitié mon t-shirt. Je déboutonnai mon froc, tirai un préservatif de ma poche et l'enroulai sur ma queue.
Quand je la pénétrai, je la vis... dans le miroir. Un truc explosa dans ma poitrine. Je me mis à bander plus fort. La rage afflua dans mes veines. Les yeux rivés au reflet, sa silhouette se peignait au milieu de ma chambre. Dans sa petite robe blanche, on aurait dit un fantôme. Elle était belle, rafraîchissante, sublime, quand j'étais l'ombre, le néant, l'amertume. Elle me regardait, la lèvre inférieure pincée entre ses dents pour se retenir de pleurer. Je pilonnai la fille plus vite, lui tournant la tête sur le côté pour ne pas qu'elle surprenne Érine dans ma chambre. Elle n'était qu'à moi...
Je pressai les hanches de la fille sous mes doigts tant la pression que j'accumulais menaçait de m'exploser à la figure. Le visage de Rine était bouleversé, ses prunelles irradiant d'un sentiment sur lequel je ne parvenais à coller aucune définition. Elle se contentait de me regarder en baiser une autre. Et plus je me perdais dans ses yeux, et plus je prenais du plaisir. Il explosait dans ma tête, dans mon bide, dans mes couilles, dans toutes les directions de mon corps. Juste parce qu'elle était là. Juste parce que, durant quelques minutes, je crus que c'était elle que j'étais en train de toucher. Je ne voyais qu'elle. La fille sous moi n'avait aucune importance. Ce n'était qu'une enveloppe dans laquelle me déverser. Celle qui comptait vraiment, c'était celle qui ravalait ses sanglots et étouffait ses hurlements derrière sa main, à mesure que je baisais cette nana. Je serrai les dents, les poings et je jouis en regardant Rine droit dans les yeux.
Il n'y avait déjà plus rien à détruire entre Rine et moi. J'avais tout bousillé lors de l'anniversaire de Cyril l'année précédente. Ce n'était même pas un rappel de notre relation massacrée par mes soins. Ce n'était rien de plus qu'un odieux mensonge. C'était elle que je voulais, elle que je désirais et elle que je ne toucherais pas plus aujourd'hui que les prochaines nuits. Il n'y avait plus rien entre elle et moi que cette douleur et cette haine que j'alimentais. J'éradiquais le désir, l'amour, l'envie irrésistible de me précipiter derrière elle quand elle tourna les talons.
Non... Il ne restait rien...
Version Rine :
Je détestais ce jour. A la minute où j'ouvrais les yeux sur la lumière poussiéreuse du matin, mon cœur devenait plus lourd, le poids de mon corps lui-même semblait s'enfoncer dans le matelas, comme si je disparaissais dans des abîmes noirs et terrifiants.
Ma mère essayait toujours de me distraire, mais elle n'y parvenait jamais. Elle avait fini par abandonner et me laissai lutter contre mon chagrin. Je n'étais bonne à rien ce jour-là. Je me traînais comme une âme en peine. A quoi bon combattre ? Plus rien ne m'attendait en franchissant la porte de chez moi...
J'enfilai une petite robe blanche, avec un décolleté en dentelles. Je ne portais jamais de noir pour lui rendre visite. Mael aimait les couleurs et alors que le climat n'était pas tendre, le blanc me semblait idéal, comme une espèce de lumière dans le gris des nuages.
Avant de quitter ma chambre, j'eus un regard en direction de ma fenêtre. Les rideaux voletaient légèrement et j'apercevais la maison voisine. Mon cœur se serra plus fort.
Que faisait-il aujourd'hui ? Quel mal comptait-il m'infliger ?
Tous les ans, comme un métronome précis, Yano trouvait une nouvelle idée pour nous blesser plus fort, plus profondément. Même si depuis que nous étions en prépa, nous ne nous adressions presque plus la parole, je savais qu'aujourd'hui serait différent.
Il serait à moi... d'une manière ou d'une autre. Et elle ferait mal, à n'en pas douter.
Je fermai les poings en franchissant la porte.
Je marchai jusqu'au cimetière plutôt que de prendre le bus. Le vent mordit mon visage, les embruns se déposant sur mes lèvres. Sur ma gauche, l'océan rugissait, comme s'il sentait que je m'approchais de lui. Mael.
Je ne déposais aucune fleur sur sa tombe. Je restais devant, à fixer cette horrible photo qui ne lui ressemblait pas. Avec ce costume sombre, sa cravate et ses cheveux bien coiffés. Mais ses yeux verts me bouleversaient. Je réprimai un sanglot, serrai les poings plus forts.
Je haïssais cette journée.
- Que fera-t-il aujourd'hui, Mael ? Tu le sais, toi ? Tu as déjà connu cette angoisse ? Celle que tu sens monter quand tu sais que tu devras affronter quelque chose que tu n'es pas sûre de gérer ? Comme si tu étais devant des braises chaudes que tu dois piétiner. Anticiper la douleur, la sentir déjà avant même d'avoir posé le pied sur les braises. Tu as déjà ressenti ça ?
Je mordis violemment dans ma lèvre.
Le reste de la journée fut calme, morose. Je restai à la maison. Je tentais de ne pas pleurer. Je fixais les photos épinglées à mon mur. Nous trois, riant, heureux...
Je ne mangeais pas le soir, malgré l'insistance de ma mère. J'avais l'estomac noué. Je n'avais pas vu Yano, mais je le savais. Je le sentais monter en moi. La peur. La douleur. Et pourtant, je l'attendais...
Et il ne tarda pas.
Alors que la nuit était à peine couchée, j'entendis le gloussement d'une fille en bas de ma fenêtre. Je serrai aussitôt la mâchoire, sentant mon cœur me remonter dans la gorge.
Tremblante, j'approchai de la fenêtre, tirai légèrement le rideau et découvris ceux de Yano grand ouverts.
OK, il me traçait le chemin à suivre. Il voulait que je sois là. Je ne voulais pas...
Ne fais pas ça, s'il te plaît...
Je fermai les poings jusqu'à enfoncer mes ongles dans ma chair, mais la douleur ne fut même pas assez forte pour m'empêcher d'avancer.
Je savais ce que j'allais découvrir. Pourtant, je m'y dirigeais comme un automate. Parce que c'est ce qu'il avait préparé. Parce que c'est ce qu'il souhaitait. Que je sois là. Avec lui.
J'essayais de renforcer mon cœur en franchissant sa fenêtre, raffermissant mon armure, mais elle fut bien maigre lorsque la vision de Yano entre les jambes de cette fille me saisit.
Je tremblais tellement que je ne savais même pas de quelle manière je parvenais à rester encore debout.
Yano releva les yeux au moment où il la pénétra et son regard s'enfonça au fond de moi. Les larmes coulaient sur mes joues sans que je parvienne à les arrêter. C'était impossible et finalement sans importance. Je me perdais dans ses iris à la fois si froids et si intenses. Il baisait une autre femme, et pourtant, à la seconde où il croisa mon regard, j'eus l'impression qu'il lui faisait l'amour. Qu'il ME faisait l'amour. Comme si de me voir changeait la donne. Mon pouls martelait au rythme de ses coups de reins, et jamais, à aucun moment, ses yeux ne dévièrent leur route des miens. Il s'immisçait en moi, par tous les pores de ma peau. Il me rouait de coups à chaque fois que la fille poussait un gémissement de ce plaisir qu'il ne me donnait pas. Il me brûlait, me consumait de l'intérieur. La douleur se répandit en moi. La boule dans ma gorge explosa et j'étouffai mes cris derrière ma main. Mes sanglots m'asphyxiaient, j'allais mourir de chagrin, mourir d'amour pour lui. Aimer autant, de cette façon, ce n'était pas possible. Je ne pouvais pas... supporter...
Quand il jouit, quand il se perdit dans cette fille sans me quitter des yeux, je me fis la promesse que c'était fini, que je ne le laisserai plus me maltraiter, que je ne voulais plus qu'il nous punisse de cette façon, que je ne le supporterai pas un jour de plus me laminer de l'intérieur... mais c'était idiot de le penser, parce que...
Oh j’adore !❤️
RépondreSupprimerHa nickel, je vois ton com et ton nom, ça marche et je viens de comprendre de quelle manière on indiquait les pseudo lol merci !
SupprimerOn va pouvoir trouver des petits bonus 😍😍😍
RépondreSupprimeroui, je les mets tous en ligne, ce sera plus facile à retrouver, je pense
SupprimerRah la la, quel bonheur de les retrouver. C’est et cela restera mon couple chouchou que j’aime d’amour 🩷
RépondreSupprimeroh merci !!!!
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